Je m'asseois sur la chaise indiquée par la chamane.
"Personne ne peut nous entendre ?" Demandais-je d'un air de conspirateur.
Je prend une bouchée de tarte avant de reprendre, d'une voix calme.
"Les croisés de la vipère rouge."
Je plante mon regard dans celui de la chamane.
"Ils se sont attaqués à ma fille, pour le simple prétexte de sa nature semi-draconique. Ils se sont attaqués à mon neveu pour le simple prétexte qu'il est son cousin."
"Nous avons réussi à les défendre, fort heureusement. Mais qu'en est-il de tous les autres ? Tous ceux qu'ils considèrent comme démoniaques pour d'obscures raisons ?"
"A Rokugan, il y a de nombreuses années, ils ont condamné à mort un enfant et sa famille, pour la seule raison que cet enfant avait une maladie bénigne lui donnant des furoncles."
"Que peut-il advenir pour les citoyens incapables de se défendre par eux-même ? La garde reste inactive, quoique les croisés puissent faire. De fait ils ont des membres capables d'obliger les gardes à fermer les yeux."
Ma voix s'etait emballée, mon timbre devenu plus aigu.
"Cette ville, qui m'a accueillie depuis de nombreuses années, que j'aime comme si j'y etais née, qui a vu naître ma fille, qui a été mon foyer depuis des années. Je ne m'y sens plus en sécurité, j'ai peur pour mes proches, ma famille. Les croisés y assassinent sans scrupule sans aucune condamnation."
Je baisse les yeux sur ma tarte.
"Je veux les combattre, les empêcher de proliférer. Mais je ne m'oppose qu'à des obstacles. La justice est inactive, infectée par les croisés, ils sont présent partout. Dans toutes les sphères de décision de la ville."
"Personne ne les condamne, ils assassinent impunément puisque soutenus de toutes parts. Je veux y mettre fin, mais je ne peux faire justice moi-même, je n'ai aucune autorité dans cette ville."
Je relève les yeux pour regarder la chamane.
"C'est pour cette raison que je suis venue vous voir. En privé, j'ai peur de tout le monde, que tout le monde ne soit à leur solde. Vous êtes la seule en qui je pense pouvoir avoir confiance. Vous qui vous avez consacré votre vie à la défense de chaque citoyen, quel que soit son rang social ou son origine, quel que soit son apparence. Vous qui avez accepté mon mari au sein de votre cité, un grand dracosire rouge que rien ne vous obligeait à accueillir."
"C'est pourquoi je suis entrée par votre fenêtre, que j'ai fait en sorte que personne d'autre n'ai connaissance de la quête dans laquelle je me suis lancée, pour qu'ils n'aient pas le temps de se préparer, de répliquer, de s'attaquer à mes proches."