Eskaryna : ENTRAINEMENT DU CONCLAVE

Eskaryna lança son rayon de lumière au même moment que celui de Yoldrasiir.

Les deux rayons se touchèrent et provoquèrent une explosion de lumière au point d'impact des deux sorts. L'explosion éblouit Eskaryna durant un instant.

[Yoldrasiir]

-C'est mieux, ça commence à entrer. Mais avec un sort de si bas niveau c'est relativement facile.

Par reflexe je me frotte les yeux pour faire passer l'éblouissement.

- Je pense que je n'ai pas beaucoup mieux comme sort.

[Yoldrasiir]

-Alors je te conseil d'en découvrir un nouveau très vite.

Yoldrasiir prononça une formule magique en dessinant un symbole dans l'air avec sa main.

C'est alors qu'un disque de flamme apparut à une dizaine de mètres au dessus d'Eskaryna avant de fondre sur elle créant une colonne de flammes tourbillonnantes. Eskaryna hurla à la mort quand les flammes dévorèrent son corps pour la laisser s'effondrer sur le sol brûlant de la caverne, à demi consciente.

Je fais mon possible pour rester consciente.

*Apprendre de nouveaux sorts en moins d'une journée ? Mais comment ?*

Je souris intérieurement.

*Deuxième fois que je me retrouve à demi-morte en moins de quelques minutes... Et moi qui considérais parfois mes anciens professeurs sévères.*

J'essaye de tourner la tête vers le dragon et essaye d'articuler un: "Je ne demande qu'à en apprendre de nouveaux."

Yoldrasiir s'approcha d'Eskaryna et la soigna de nouveau.

[Yoldrasiir]

-Tu n'as pas besoin d'apprendre. Tu n'es pas une simple magicienne. Tu n'es pas comme ces humains qui pensent maitriser la magie parce qu'il savent lire un grimoire. Tu fais partis de ceux qui ont la magie en eux, qui sont capable de la manipuler et de l'utiliser pour leur propre fin.

Je hoche la tête et me relève d'un bond.

- Je vais essayer.

Je me recule de quelques pas et essaye de me concentrer, les yeux perdus dans la lave, ayant toujours symbolisé pour moi la forme la plus pure et la plus absolue du feu. Il a toujours réussi a tout dévorer, à faire disparaître les plantes, les animaux, les hommes, il fait même disparaître son pire ennemi l'eau. Mais sa victoire faillie ne pas être absolue: la pierre a toujours résisté. Elle n'a jamais accepté de se conssumer. Pour se venger le feu la dégrade, la liquéfie, et pire que tout en fait son esclave, la dépouille de sa nature calme et immuable. Aidé d'elle il devient d'autant plus destructeur, il prend une nouvelle forme, moins abstraite. Il ne devient plus que destruction de quelque chose d'exterieur, il devient lui-même quelque chose.

C'est donc le regard perdu dans ce feu que je commence à me concentrer. Penser à mon impuissance aurait pu m'aider, peut être me mettre en colère, d'aucuns pourraient croire que cela m'aiderait à lancer un nouveau sort, impulsivement. Je n'y croyais pas un mot. Pour n'importe quelle autre magie sans doute, mais le feu est trop féminin. Trop dominateur. Il peut flatter par la puissance qu'il offre, mais rend les hommes fous de puissance, les hypnotise par sa beauté. Après les avoir séduit il en fait ses esclaves. Si on ne cherche à s'en servir qu'impulsivement, on s'expose aux désillusions. Voire, sans suffisemment de lucidité et de clareté d'esprit on s'expose à la folie. Le feu devait être un allié, et non un maître. Peut-être que les dragons sont une race trop supérieure pour avoir à se poser ce genre de questions, sans doute sont ils trop forts pour que le feu les domine. Pourtant je ne pouvais m'empêcher d'en douter.

Je me concentre, essayant d'invoquer cet allié de tout mon esprit, déployant toute la puissance dont je disposais, mais lentement, sans précipitation, de manière contrôlée; me laissant le temps de m'adapter à lui et de l'adapter à moi. Une fois véritablement son allié sans doute peut-on le laisser faire, le laisser se déchaîner seul et librement. Mais je sentais que ce n'était pas encore le moment. Pour l'instant nous jouions pour tester l'autre, et je devais lui montrer que j'étais assez forte pour le mériter et surtout pour qu'il ne me maîtrise pas.

Puis lorsque je sens que j'atteint la limite de ma puissance je tend la main et tente de tout envoyer en direction du dragon, de manière informe, sans lui donner d'apparence particulière, laissant au moins cette liberté au feu. Il aime jouer, il n'aimerait pas que sois rabat-joie en tentant de le contrôler totalement sans lui laisser l'occasion de s'exprimer, sans lui laisser une certaine liberté. Il m'en voudrait et il n'était jamais bon de le contrarier.

Au bout de sa concentration Eskaryna créa une sorte de gerbe de flamme qui s'évanouit rapidement dans l'air.

[Yoldrasiir]

-Il-y-à de l'idée mais tu n'as fais qu'invoquer la force des flammes dans son plus simple état. C'est à la portée de n'importe quel mage. Je ne veux pas simplement que tu crache le feu. je veux que tu le maitrise, que tu le soumette à ta volonté. Il existe une infinité de possibilité, le feu peut prendre toutes les formes qu'on souhaite.

Yoldrasiir commença alors à effectuer des gestes des mains et à prononcer des paroles magiques.

-Il peut s'éparpiller !!

Il généra alors un cercle de flamme autour de lui qui s'écarta alors en projetant des braises tout autour du dragon, ne blessant que très légèrement Eskaryna.

-Il peut se concentrer !!

Yoldrasiir créa alors une petite bille de lumière orange au bout de son doigt.

-Pour mieux exploser ensuite !!

Il lança alors la bille dans la direction d'Eskaryna, cette dernière passa à quelques centimètres de son visage pour finalement exploser contre un mur de la caverne, à plusieurs mètres derrière elle, générant une énorme boule de feu faisant encore monter la température de la caverne.

-Il peut être un mur.

Yoldrasiir éleva alors un mur de flamme entre lui et Eskaryna.

-Et surtout, dans sa forme la plus pur, il devient un châtiment.

De nouveau un cercle de flammes apparut au dessus de la tête d'Eskaryna puis tomba sur elle en une colonne de feu la brûlant de nouveau et l'écrasant au sol de douleur.

Je tente de me relever malgré la douleur et plante des yeux interrogatifs dans ceux d'Yoldrasiir, ayant envie de poser mille questions. Mais devinant que le dragon n'y repondrait pas, j'en selectionne une.

- Le soumettre n'a-t-il aucune limite ? Je veux dire quel humain aurait été capable d'espérer imaginer la puissance d'un éclair sans auparavant en avoir vu un de ses propres yeux ?

Yoldrasiir se rapprocha encore d'Eskaryna pour la soigner.

[Yoldrasiir]

-Cette question n'a pas de sens. Tu n'es pas là pour savoir d'où vient la foudre ou d'où vient le feu. Tu n'es pas là pour apprendre d'où vient la magie. Tu es là pour apprendre à manier cette magie et à manier ce feu. Pour naître, le feu à besoin de quelque chose à brûler. Du bois, du tissu, de la chair. Le feu ne peut pas apparaître s'il n'a rien à brûler. Alors que crois-tu réellement que je crée quand je lance une boule de feu ?

- Je ne cherche pas à savoir d'oú proviennent les éclairs. Je remarque juste qu'une telle puissance aurait sans doute été inconcevable s'ils n'existaient pas dans la nature. L'homme crée mais son imagination est limitée, je me demandais juste si cette imagination limitée ne limitait pas sa magie par la même occasion, et si, en trouvant un moyen de faire s'exprimer la magie autrement, plus librement, nous ne pourrions pas nous surprendre nous-même.

Puis me rendant soudain compte que j'avais pris bien trop d'aisance face au dragon je me rattrape.

- Enfin ceci ne sont que des suppositions et je ne suis pas assez expérimentée pour les mettre en oeuvre, peut-être ne le serais-je même jamais.

Je me recule de quelques pas et commence à me concentrer de nouveau comme la dernière fois. Quelle forme pourrais-je lui donner ? Je n'arriverais jamais à attaquer le dragon, jamais à le blesser. Il était inutile d'essayer. Au moins pourrais-je essayer de le surprendre. Je projette du feu tout autour de Yoldrasiir, non pas pour l'attaquer, mais pour l'habiller, tentant de le confectionner une robe éphémère à base de flammes, cherchant même à changer les couleurs, voulant faire apparaître toutes les nuances du bleu, vers le bas en vert, autour des bras rouges, tachetée d'éclats blancs et pourpres, tentant même de lui dessiner une crinière jaune. Ce n'était pas l'aspect destructeur du feu que je voulais mettre en avant, mais son aspect fascinant et magnifique.