L’univers tel qu’on le connaît, même s’il reste encore de nombreuses choses à découvrir, est un ensemble d’élément complexes régit par des lois qui peuvent changer d’un monde à l’autre. Auparavant, je ne m’intéressais pas à ce genre de choses. Je n’étais qu’un jeune nain avec la tête pleine de rêves, vivant dans le Nirvana des Rouages de Méchanus et ayant pour seul objectif de pouvoir devenir un grand ingénieur comme la plupart des individus qui m’entourent. Je passais le plus clair de mon temps à concevoir et fabriquer des objets afin de peaufiner mes talents et d’élargir mon panel de compétences mais cela ne suffisait pas à étancher ma soif de connaissances. Il me fallait un maître et un bon, je pris donc mon courage à deux mains et alla directement demander à celui qui était selon moi le meilleur d’entre eux : Bazrak le Sage. Sans surprise, j’eu du mal à n’obtenir ne serait-ce que quelques secondes de son attention et je dus m’accrocher pendant plusieurs mois pour qu’il accepte d’écouter ma requête. Si au départ il refusait catégoriquement de me prendre sous son aile, mon acharnement finit par porter ses fruits et il me mit à l’épreuve dans les semaines qui suivirent pour savoir si j’étais digne de son enseignement. Ce n’est pas sans difficulté que je parvins à remplir chacune des tâches qu’il me confiait mais il finit par reconnaître que j’avais un certain potentiel. Il me proposa donc de me joindre à ses camarades et lui sur un projet assez obscur dont je ne saisis pas tous les tenants et aboutissants sur le moment.
Quel ne fut pas ma surprise quand j’appris que Maître Bazrak et ses confrères travaillaient à renforcer un humain et une demi-elfe pour en faire des armes vivantes. Mes questions ne rencontraient que le silence. Pourquoi faisaient-ils ça ? Quel était l’objectif de tout ça ? Même s’il avait accepté de me prendre sous son aile, Bazrak refusait de me répondre. Selon lui, je devais observer, assister comme je le pouvais les autres ingénieurs et que le reste viendrait en temps et en heure. Bien que frustré, je ravalai ma fierté et suivis ses instructions. Les mois passèrent. Ces individus étaient aussi froids que des machines, parfois même plus. Le jeune garçon, dont le nom était Xander et qui était âgé d’une vingtaine d’année, nous quitta durant les semaines qui suivirent sans que je sache où il s’était rendu. La petite-demi-elfe, prénommée Lyra et qui devait avoir environ 15 ans, resta avec nous encore un moment. En m’adressant à elle, je pus constater qu’elle ne semblait ni m’entendre, ni me voir et je ne recevais jamais de réponse, pas même une petite réaction lorsque je lui racontais mes meilleures blagues… Je commençais à me dire que je n’étais pas à ma place, que ça ne correspondait par à l’idée que je m’étais faite de mon maître.
Un jour, alors que je m’occupais de l’entretien des outils, Bazrak me fit venir dans une pièce à l’écart. Une salle à laquelle je n’avais encore jamais eu accès et dont j’ignorais l’existence.
« - Mon jeune Farlin. Voilà quelques mois que tu es parmi nous, à observer ce que nous faisons. Je sais que tu as de nombreuses questions, mais je me devais de vérifier que tu étais prêt à vivre ce que nous vivons au quotidien avant pouvoir te révéler la situation. Cela fait des lustres que nous travaillons sur ce projet et nous cherchons à transmettre notre savoir, mais nous voulons nous assurer de travailler avec des gens qui une certaine force de volonté. Je pense que tu es un bon gars et qu’il est donc temps que tu comprennes pourquoi nous faisons cela. »
La pièce dans laquelle nous étions avait une autre pièce à côté dans laquelle il m’invita à entrer. La salle était simple, meublé d’une petite table et d’un lit sur lequel une humaine était allongée. Je compris rapidement qu’elle était en train de mettre au monde un enfant, le visage marqué par la fatigue et couvert de sueur. Le travail avait l’air pénible mais le bébé finit par sortir et c’est à cet instant que, sortit de nulle part, un éclair vint frapper le nouveau-né à plusieurs reprises, ne laissant derrière lui qu’un amas inerte de chair. La vieille naine qui assistait la femme porta le bébé à mon maître qui m’agrippa par le bras.
« - Suis-moi mon garçon, nous n’avons pas une minute à perdre. »
La mère pleurait, visiblement désespérée, et je lisais de la peine sur le visage des quelques personnes présentes mais le regard déterminé de mon maître me poussa à le suivre sans que je ne pose plus de question. Nous allâmes dans un atelier à l’écart des autres où nous attendaient d’autres ingénieurs nains.
« - Tu vas faire tout ce que je te dis. La vie de ce garçon en dépend. »
Ainsi commença un étrange rituel d’ingénierie pour tenter de maintenir l’enfant en vie. Je suivais instinctivement les instructions de mon maître et m’appliquais à produire le travail le plus qualitatif possible et après de longues heures de labeur, nous parvînmes au résultat escompté (du moins de ce que compris en voyant les visages soulagés de mes partenaires). Cela prendrait encore quelques jours pour faire de lui quelque chose de plus humain. Quelqu’un emmena le nourrisson auprès de sa mère pendant que mon maître me pris à nouveau à l’écart. Il m’expliqua ce qu’il s’était passé, me racontant l’histoire de cette famille et de la malédiction qui les frappait, ces années de souffrances et la lueur d’espoir que le travail de Bazrak et ses congénères avaient apportée.
« - Voilà. Tu sais tout. Je compte sur toi pour continuer de travailler comme tu le fais et j’aimerais que tu accompagnes cet enfant jusqu’à ce qu’il soit prêt à voler de ses propres ailes pour chasser ces pourritures de démons. Ce ne sera pas facile tous les jours mais je suis certains que tu parviendras à lui apporter ton aide. »
Même si je n’étais pas vraiment sûr de moi, j’acceptai la tâche qu’il me confiait. Comme les autres, il ne s’exprimait d’aucune manière et ne réagissait à aucun stimulus, mais je savais maintenant qu’il pouvait nous voir et communiquer, à sa manière. Je me demandais à quoi ressemblait son monde et s’il ne se sentait pas trop seul. Je ne comprenais pas trop comment ça fonctionnait mais Lyra semblait pouvoir communiquer avec lui. Ce qu’ils se disaient restait pour moi un mystère. Que peux-tu raconter quand tu ne ressens absolument rien ? Et je finis par comprendre le jour où mon jeune protégé s’adressa à moi pour la première fois. Ce n’était pas très intelligible, notamment en raison de son jeune âge mais c’était un premier contact et le premier pas pour construire un lien avec lui. Un mage m’aida à échanger avec le jeune garçon. Je lui appris son nom, Usamaro, et lui donna le miens. En plus de m’occuper de son équipement, je lui apprenais à différencier les silhouettes qu’il voyait ainsi que quelques rudiments du langage commun et nain pour qu’il puisse se faire comprendre ici à Méchanus. Au fil des années, son entraînement lui permit de devenir l’un des combattants les plus impressionnants qu’il m’ait été donné de connaître. Au-delà des compétences martiales liés à son équipement, il développa une certaine affinité pour les techniques des samouraïs. Mais plus sa formation avançait, plus je prenais conscience de l’approche de son départ.
Nous sommes aujourd’hui le 34 quartor 252. Usamaro a 25 ans et s’apprête à quitter les rouages de Méchanus pour partir en quête de son corps que les démons lui ont arraché. M’inspirant de sa mère, j’ai travaillé son corps synthétique pour qu’il lui ressemble un minimum. Malgré la froideur de ses traits qui le font ressembler plus à un pantin de bois qu’à un humain, il s’agit d’un jeune homme aux traits fins et au corps sec qui, s’il était fait de chair et d’os, auraient montré qu’il s’était battu toute sa vie et qu’il avait bâtit des muscles solides. Étrangement, il cache souvent son visage à l’ombre d’un couvre-chef, un objet de « chez lui » de ce que j’ai pu comprendre, mais on ne peut pas passer à côté de sa longue chevelure rouge flamboyante. Il est aujourd’hui sur le départ pour rejoindre Faërun, un continent de son monde d’origine. Après des jours de préparations, un mage va pouvoir nous aider à ouvrir un portail menant au plan dans lequel se trouve ce dernier. Nous avons organisé une petite cérémonie pour son départ et même si je n’ai pas le cœur à lui dire au revoir, je sais à quel point il est important pour eux que chaque chasseur traque ces démons jusqu’au dernier. J’espère pouvoir le revoir un jour afin qu’il me partage le récit de ses aventures.
Extrait du journal de Farlin Crin d’acier
Je m'appelle Usamaro, je suis né dans un monde de ténèbres que je n'ai encore jamais quitter. Quelques lueurs sont venus m'éclairer au milieu de toutes ses ténèbres d'ombres et d'auras que je ne peux comprendre. Farin fait parti de ces lueurs, je sais qu'il me comprends mais comme pour tout les autres, moi, je ne peux pas. Toutefois, au milieu de ces ténèbres et grâce à Farin j'ai compris certaines choses. Les âmes noires, j'en ai vus très peu depuis ma naissance dans ces ténèbres mais si j'en crois Farin, ces âmes noires sont la clef pour m'échapper de ces ténèbres et retrouver la lumière. Voilà tout ce que je sais du monde aujourd'huin ces âmes noires m'ont voler la lumière à ma naissance et il n'appartient qu'à moi seul de les traquer pour les retrouver. Farin m'a appris à les combattres, m'a appris à m'en méfié et maintenant je suis prêt. Je crois. On m'envois les chasser, les traquer et les détruire, ils m'ont pris ma lumière, mon seul objectif est de la récupérer. Aujourd'hui, mon périple commence.