Je suis né le 33 quartor 233 AGG dans une petite maison à l'écart du village de Sugeyuma au sein du clan du crabe. Meurtrier de ma mère dès ma naissance j'ai vécu seul avec mon père durant les dix premières années de ma vie, bercé par les souvenirs de ma mère que mon père me racontait comme des histoires pour m'endormir le soir.
Mon père était un bretteur de grand talent, mais jamais il ne me parlait de son passé et d'où lui venait cette maîtrise de l'épée. Cependant, il commença à me prendre sous son enseignement dès l'âge de 7 ans et c'est ainsi que je m'initiait au maniement de l'épée sous les commandements de mon père.
Nous vivions en paix, à l'écart du village, n'y allant que rarement pour commercer les fruits de la chasse et de la pêche que nous ramenions régulièrement, quand le vassal de la région ne venait prélever son impôt hors de prix.
Un jour, quand j'avais dix ans, alors que je m'entrainais seul devant la maison, sous les coups réguliers de la hache de mon père fendant les bûches pour le feu, nous recevîmes la visite du vassal en personne, secondé par bonne escorte. L'homme intima l'ordre de voir mon père et ce dernier m'envoya immédiatement me réfugié à l'intérieur de notre maison.
Le vassal était venu demander à mon père de rejoindre son armée pour une prochaine bataille en vue de l'extension de son territoire. Il prenait pour argument le talent certain de mon père dans le maniement de l'épée et lui intimait l'ordre de servir son seigneur comme se devait de le faire tout les hommes d'épée de la région.
Mon père refusa d'obéir au vassal et malgré la colère manifeste de ce dernier ne se laissa aucunement intimider tant que ce dernier et ses hommes n'étaient pas repartis d'où ils venaient.
Ce jour là, mon père me pris à parti et me dévoila l'existence d'une cave secrète, cachée sous la maison et qu'on ne pouvait atteindre qu'en arrachant le plancher. Il m'expliqua que si un jour il devait lui arriver quelque chose, je trouverais dans cette cave tout ce dont j'aurais besoin. Je m'inquiétais évidemment des paroles de mon père mais décidais de garder mon inquiétude pour moi, préférant lui donner l'image d'un fils fort et sans crainte.
Régulièrement, le vassal revenait harceler mon père pour les mêmes raisons encore et encore. Les échanges se faisant à chaque fois plus houleux et invectivants. Jusqu'au jour où mon père me donna l'ordre de me cacher dans le garde manger et de n'en sortir sous aucuns prétextes, quoiqu'il puisse se passer. J'eu bien essayer de comprendre et demander des explications à mon père, il se contenta de me répéter d'obéir sans discuter. Et donc... j'obéis, sans discuter.
Caché dans le garde manger j'attendais de longue minutes dans un calme lourd qui fut soudainement rompu par des hénissement de chevaux, des cris, des bruits d'épées qui s'entrechoquaient et des hurlements de douleurs. Les sons d'une bataille féroce qui me semblait durer des heures entières jusqu'à ce que le calme ne revienne tout autours de moi. Je restait encore longtemps dans le garde manger, me demandant si je devais... ou plutôt si je voulais sortir. Une part de moi me hurlait de rester cacher ici, que ce qui s'était passer dehors n'existerai pas tant que je ne l'aurais pas vus. Mais je me repris et décidais de sortir de ma cachette, une sale odeur de sang avait envahi l'atmosphère et quand je sortais de la maison ce fut pour y voir l'horreur que je voulais garder cacher dans le fond du garde manger.
Mon père, étendu sans vie au milieu d'une dizaine d'autres cadavres ensanglantés. Il s'était battu comme un diable mais ils étaient venus en nombre et malgré toute sa bravoure, il ne put faire face à autant de barbarie et de cruauté. Je m'effondrais en pleur sur le corps inerte de la seule famille qui me restait. Je compris aisément qu'il connaissait déjà son sort depuis des jours, depuis le jour où il m'avait parler de la cave secrète sous la maison.
J'offrais donc une sépulture à mon père, auprès de la tombe de ma mère, espérant qu'il ai enfin put la rejoindre là où il se trouvait maintenant. J'enterrais également les cadavres des assassins de mon père, il m'avait appris à respecter ceux qui mourraient en se battant et je ne voulait pas faire offense à sa mémoire en laissant pourrir ces corps à l'endroit où j'avais vécus toutes ses années avec mon père.
Il me fallut quelques jours pour accepter la mort de mon père et me décider à exécuter ses ordres. A l'aide de sa hache, j'attaquais donc le sol de la maison, arrachant le plancher avec ardeur jusqu'à découvrir une échelle qui s'enfonçait dans le sol. Je descendais avec une simple lanterne pour tout éclairage et découvrit une petite salle poussiéreuse, envahie par les araignées et le temps.
Sous la poussière et les toiles d'araignées se trouvait un autel en l'honneur de Kord sur lequel était posé une petite boite en fer. J'ouvrais la boite pour y découvrir un livre. Un livre dans lequel mon père me racontait son histoire, son passé de soldat au sein du clan du phénix dans l'armée du seigneur Izawa Oborozuki. Comment il monta les échelons de la hiérarchie jusqu'à devenir un général du clan du phénix et comment il prit sa retraite après une glorieuse bataille.
C'est durant cette retraite qu'il rencontra ma mère et qu'il en tomba éperdument amoureux. Durant deux mois il lui fit une cour digne des plus grands nobles et quand elle fini par accepter ses faveurs, elle émit le souhait de vivre à l'écart, loin du monde de la noblesse et de la hiérarchie. Ma mère souhaitait une vie simple avec sa famille pour principale richesse. Mon père accéda à sa faveur et construisit cette maison dans laquelle ils purent vivre heureux et avoir en enfant. Moi...
Mon père écrivait que la mort de ma mère l'attrista profondément, qu'il en voulut longtemps aux dieux de lui retirer la seule femme qu'il n'avait jamais aimer. Il écrivait également que jamais il ne m'en voulut, que jamais un instant il ne me considéra coupable de la mort de ma mère, à ses yeux j'étais un cadeau laisser par ma mère à l'heure de sa mort. Un témoin de l'amour infaillible qui les unissait.
La fin du récit changeait toutefois soudainement. Dans ses écrits, mon père se mettait à me parler à moi, directement et en lisant ses lignes j'avais l'impression d'entendre sa voix, rocailleuse et ternie par l'herbe à pipe qu'il se plaisait à fumer sur les bords du lac les jours de pêche.
« Aerius, si tu lis ces lignes c'est que je ne suis plus là pour te les dire de vive voix. Je ne sais pas quel âge tu as maintenant, mais j'espère que tu es assez grand pour entreprendre un difficile voyage.
Tout d'abord, ne cherche pas à venger ma mort, c'est inutile. J'étais un valeureux guerrier et au cours de nombreuses batailles j'ai moi même pris nombre de vies. Aussi, je m'attendais qu'un jour mon passé me rattrape. Rien n'est gratuit en ce monde Aérius, sache le, tout se paye un jour, autant en bien qu'en mal. Alors il ne sert à rien d'alimenter un cycle de haine, laisse tout cela finir avec moi, c'est mieux ainsi, c'est mieux pour toi.
Ensuite, j'aimerais te confier à l'enseignement de quelqu'un. N'étant plus là pour le faire moi même, je sais que cet homme saura continuer ton éducation, à la fois dans les armes mais également dans la morale. Avec ce livre, tu trouveras une vieille carte, excuses-moi si elle n'est pas parfaite, tu sais à quel point je ne suis pas doué pour le dessin. Cette carte te mènera jusqu'à l'île d'Avan. C'est un homme puissant et bon, un fervant serviteur de la justice qui à longtemps combattu à mes cotés lors des campagnes du phénix, et je suis certains qu'il saura faire de toi quelqu'un de fort à la fois physiquement et mentalement.
C'est là ma dernière volonté, mon fils, retrouve Avan et devient l'un de ses disciples, devient un grand homme de ton temps. Je t'aime, adieu. »
Je trouvais la carte et en fit baver quelques traits avec les larmes que je laissais s'écouler sur le parchemin que mon père avait dessiner.
Je décidais d'obéir encore à mon père, je chassais quelques gibiers et me confectionnais quelques rations de nourritures, d'eau, me préparant un sac pour mon voyage et je quittais la maison qui m'avais vus naître, sans une certaine tristesse dans l'âme. Quand je détournais le regard de chez moi pour la dernière fois, j'eu l'impression de sentir le souffle de mes parents me poussant en avant, me poussant à quitter cette maison où plus rien ne m'attendais pour commencer à vivre une nouvelle vie.
Après un voyage d'une quinzaine de jours, j'arrivais à la cité qu'indiquait mon père, une grande ville comme je n'en avait jamais vus. Je me mis à la recherche d'Avan et je compris rapidement qu'il était très connus dans la région. Il était décrit comme un véritable héros qui avait éliminer des dragons et des démons grâce à ses pouvoirs et à son talent inégalé à l'épée. J'appris également qu'Avan s'était retirer depuis longtemps du monde urbain et qu'il vivait maintenant sur une île... qu'il s'était lui même créer en découpant une péninsule.
Je n'y aurais jamais crus si je ne l'avais pas vus moi même. Cette avancée de terre dans la mer dont l'extrémité, bien qu'émoussée par les années semblait avoir été couper net par la main d'un dieu. Au large, quand le temps était au clair, on pouvait y voir une petite île perdue au milieu de la mer. A bord d'un frêle esquif loué avec mes dernières pièces je rejoignait alors cette île et y découvrit une petite maison, construite un peu maladroitement et devant elle un homme, blond, allongé dans un hamac en train de tranquillement profiter du soleil.
J'avais du mal à y croire, Avan, ce vaillant héros, cet homme qui avait combattu au coté de mon père, qui aurait soit disant tué des démons et des dragons et qui aurait découper la terre pour se construire une île entière. Ce héros serait ce oisif allongé là sirotant un jus de fruit avec tant d'insouciance.
Malgré mes doutes je m'approchais de lui et lui demandais s'il était bien Avan.
« -Oui, c'est comme ça qu'on m'appelle. Qui me demande ?
-Excusez-moi, maître Avan, j'aimerais devenir votre élève, je m'appel Aérius. Lui répondis-je en m'inclinant avec respect.
-Ah non, désolé mon garçon, mais je ne prends plus d'élève. Ici, je suis en retraite et la seule chose à laquelle j'aspire c'est le repos et la tranquilité. »
Cette phrase sonna comme un glas à mes oreilles, qui était cet homme, était-ce bien le vaillant héros dont tout le monde m'avait parler, était-ce bien l'homme dont mon père voulait que je suives les enseignements ?!
Dans une rage sans espoir je me mis à hurler, déversant avec mes larmes le récit de mon histoire. Mon voyage jusqu'ici, la découverte du livre de mon père, sa mort, la vie que j'ai vécu à ses cotés et la mort de ma mère. Je lui servit insultes et invectives comme n'ayant plus que ça comme seuls mot dans mon esprit embrûmé quand tout à coup...
« -D'accord.
-Qu... quoi ?
-D'accord, j'accepte de te prendre comme disciple.
-Comment ?! Mais pourquoi ?!
-Tu as dis être le fils de Loca et Leyla, c'est suffisant pour moi. »
A cet instant, Avan se releva. A mes yeux il semblait avoir changer et ne plus être le même homme. Tout à coup je me sentait écraser par une présence et une puissance inplacable qui se dégageait de cet homme. Cet homme que quelques minutes plus tôt je décriais comme un oisif inutile et qui me paraissait maintenant capable de m'annihiler en une seconde comme un insecte.
Avan me prit alors sous son enseignement et commença à m'enseigner le style à l'épée qui portait son nom. Il m'expliqua que depuis l'époque où il avait combattus avec mon père, il avait grandement améliorer ses arcanes. Il avait compris que la magie devait être autant maîtriser que l'épée et qu'il fallait être capable d'allié les deux dans une harmonie parfaite pour obtenir la victoire.
Un jour alors que j'avais 15 ans, ça faisait déjà plus de 4 ans que je suivais les enseignements d'Avan, nous étions en plein exercice quand une immense catastrophe surgit des eaux. En ce Lunérium 34 tertior 248 AGG, Tout le continent de Rokugan fut englouti par les eaux en quelques minutes à peine. Donnant naissance à un monstrueux raz de marée qui se déversa vers notre île. Grâce à ses pouvoirs, maître Avan parvint à protéger l'île de la catastrophe. Peu de temps après des créatures volantes semblant tout droit sortir d'un cauchemar se mirent à survoler l'île et à venir nous attaquer. Maître Avan élimina facilement une bonne dizaine de ces créatures jusqu'à ce qu'une vive lumière envahisse entièrement le ciel comme si plusieurs soleils brillaient en même temps. Cette lumière inconnue transforma toutes les créatures encore vivantes en cendre puis le calme revint immédiatement après. Un calme effrayant s'accompagnant de l'absence d'un continent tout entier qui se trouvait à moins d'un kilomètres de nous à peine quelques minutes plus tôt.
Maître Avan lui même ne savait pas ce qu'il venait de se passer, d'où venaient ces créatures et cette lumière qui les élimina presque aussitôt. Durant quelques semaines après ces événements, il parti de l'île à la recherche de réponses mais à son retour il n'avait rien découvert de plus. Rokugan tout entière avait bien disparut.
Les années qui suivirent, je continuais mon entrainement sous les ordres d'Avan. Il m'enseignait autant la morale et la justice que l'art de manier l'épée. Un jour, un immense voilier passa non loin de l'île et Avan prit une décision. L'île était maintenant perdue au milieu de nul part et ce bateau était le seul que nous avions put voir depuis quatre ans, depuis la destruction de Rokugan. J'avais bientôt 19 ans et Avan estimait que j'étais maintenant un homme et qu'il ne fallait pas rater cette occasion. J'étais assez entraîner, je connaissais les bases des arcanes à l'épée d'Avan et il était temps pour moi de faire ma propre vie, de vivre ma propre aventure. Avan me confia alors son manuel afin que je puisse parfaire ma formation seul et devenir un jour un maître des arcanes à l'épée de l'école d'Avan.
Encore une fois je quittais un foyer pour partir vers l'inconnu. Mais cette fois-ci, la tristesse du départ n'était pas mue par la douleur, mais par le respect d'un élève pour un maître qui fut tout autant un second père. Je faisais mes adieux à Avan, lui souhaitant d'enfin pouvoir profiter de sa retraite pour de bon et je me dirigeait vers ce bateau à bord du frêle esquif qui m'avait mené ici il-y-à maintenant presque neuf ans.
Je payais mon voyage avec les quelque ssous qu'Avan m'avait confié et j'embarquais sur ce navire qui était pour moi le vaisseau vers mon avenir, vers ma propre vie. Le voyage dura presque un mois jusqu'à atteindre ce que les marins appelait le continent Faerun, le seul continent restant sur le grand océan.
C'est le lendemain de mes 19 ans que le bateau me débarqua au port d'une grande ville du nom d'Eauprofonde.
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